L’équipage est immuable : un chauffeur qui fume à plein temps, l’aide chauffeur aux gros bras sales qui « fait » la route autant dans les passages difficiles qu’en retapant les tronçons effondrés, et le petit « kleaner » - généralement un mignon d’une douzaine d’années qui mourra avant d’en avoir vingt - dont les tâches subalternes vont du service du thé jusqu’à la lessive. Une petite famille donc, qui s’agrandit chaque nuit et à chaque repas par celle d’autres routards qui ont franchi les mêmes cols enneigés, comblé des heures le même glissement de terrain, contemplé le même crépuscule, ou qui attendent qu’on leur en fasse le récit.
En Nomad’s Land, « Sur la route de Nicolas Bouvier et des tziganes », un an entre TURQUIE, IRAN, PAKISTAN, INDE, Sri Lanka... Avec : - "Passe-Moi les Jumelles" (Télévision Suisse Romande -"Un dromadaire sur l’épaule" à la Radio Suisse Romande la Première. - Le Nouvelliste. Films « NOMAD'S LAND - sur les traces de Nicolas Bouvier» et "Kalash: le Bonheur païen", sortie en 2008. Contact: gaelmetroz@gmail.com 079 373 18 82
15 octobre 2006
Route de la Soie 5
L’équipage est immuable : un chauffeur qui fume à plein temps, l’aide chauffeur aux gros bras sales qui « fait » la route autant dans les passages difficiles qu’en retapant les tronçons effondrés, et le petit « kleaner » - généralement un mignon d’une douzaine d’années qui mourra avant d’en avoir vingt - dont les tâches subalternes vont du service du thé jusqu’à la lessive. Une petite famille donc, qui s’agrandit chaque nuit et à chaque repas par celle d’autres routards qui ont franchi les mêmes cols enneigés, comblé des heures le même glissement de terrain, contemplé le même crépuscule, ou qui attendent qu’on leur en fasse le récit.
Route de la Soie 4
Les nouvelles Caravanes
Il reste peu de chameaux sur la Route de la Soie. Pourtant les nostalgiques feraient mieux de reprendre un peu la route plutôt que de s’enfermer tristement dans le passé mythique des livres, car, traversant les cols et monts himalayens comme des sapins de Noël ambulants, mugissant comme les monstres chamarrés qu’ils sont, les nouvelles caravanes avancent encore à la vitesse du pas, mais avec dix tonnes de marchandises et tout l’art du Pakistan en guise de vêtements.
Il faut plusieurs mois aux forgerons, peintres, sculpteurs et menuisiers pour donner au pare-chocs une forme de grosse mâchoire, lui créer une dentition de grelots qui résonneront au rythme lent des cahots, refaire la cabine de bois finement sculpté, l’enjoliver comme un gigantesque masque de carnaval à coups de cœurs, miroirs, catadioptres, pendentifs et guirlandes lumineuses brillant dans la nuit comme une étoile filante à embonpoint, puis surélever le toit en une énorme couronne, avant de peindre finalement chaque centimètre pour combler ce vide que ces artistes locaux semblent avoir en horreur.