29 août 2013

Sortie de SADHU le 6 novembre en France

Après trois ans de production, SADHU sort enfin en salle le 6 novembre prochain.
Suraj Baba est un sâdhu, un saint homme hindou. Il a renoncé aux biens terrestres en se retirant vivre dans une grotte à 3000 mètres au cœur de l’Himalaya. Après huit ans d’isolement et de méditations, il prend le risque de s’exposer à nouveau au monde. Pendant la Kumbha Mela qui réunit tous les 12 ans plus de 70 millions de pèlerins, Suraj décide de rejoindre les autres sâdhus, avant de confirmer ses vœux de renonçant par un pèlerinage de plusieurs mois. Au fil de son périple initiatique, le mysticisme indien est balayé par la sincérité de ce sage. Un sage qui ne veut plus l’être.

LONG METRAGE DOCUMENTAIRE – 93MIN – sortie en salles françaises le 6 novembre 2013



Plus d'informations sur

01 octobre 2012

Des mots comme on les aime

Et voilà un merveilleux voyage intérieur. Con tren al fondo, un livre qui sort ces jours en espagnol dans une langue surprenante et forte comme on les aime. Je donnerais tout pour mieux pouvoir encore comprendre ces mots qui me fascinent. Sans voix qu'on en reste. Là, moi je tombe amoureux.

22 juillet 2010

08 septembre 2009

DVD NOMAD'S LAND

Le DVD NOMAD'S LAND est enfin disponible!
Vous pouvez le trouver sur internet, à la Fnac ou sur le site www.nomadsland-lefilm.com

16 juillet 2008

NOMAD'S LAND Sur les traces de Nicolas Bouvier

Sortie de
NOMAD'S LAND


Oyez oyez amis de tous bords,

Trois ans à préparer 90 minutes, ça fait une vie pour quelques jours finalement – j’ai fait les calculs.
Alors ils ont intérêts à être beaux, ces jours-là. Il faudrait un coin de lac, des apéros à ne plus savoir que chanter, un bon film, vous bien sûr, et toute la nuit à nous.

Pour ceux qui sont restés sous la pluie de Nyon à Visions du Réel – et tous les autres - on remet ça ! Avec tout le decorum, mais sur 35mm, et en cinéma pour la sortie de NOMAD’S LAND – Sur les traces de Nicolas Bouvier. Histoire de vous ôtez toute excuse, vous avez déjà toutes ces dates à choix et les liens qui s’imposent pour combler de lectures l’attente.

Et faites passer le message, on n’est jamais trop à faire hurler les loups.

À tout bientôt mes amis,
Bien à vous

Gaël

Projections Open Air les :
24 juillet à Lausanne
27 juillet à Genève
31 juillet à Vevey
8 août à Yverdon


En sélection officielle pour le Festival International du Film de Locarno les 9 et 10 août 2008

Et en sortie dans les salles dès le 10 septembre

Liens
www.nomadsland-lefilm.com
Sur facebook

21 janvier 2007

Faire durer le Voyage
















Depuis quelques mois, je goûte enfin au même climat que vous, et vous offre donc un peu d'Asie en compensation :








- Semaines de "Carnets de Route" au Pakistan et en Iran sur RSR la Première (toute la semaine du 22 au 27 janvier 2007
dans Un dromadaire sur l'épaule).







- Un long reportage exclusif sur "La Frontière Pakistano-afghane" dans
le magazine Equestrio de février.

- Pour les films :
« NOMAD'S LAND sur les traces de Nicolas Bouvier » (90 minutes) et

« Kalash : Le Bonheur Païen », (52 minutes)
j'y travaille, je vous jure, je m'y use la rétine sans rechigner mais ne pourrai conclure
qu'en 2008.


Voilà donc quelques nouvelles, un moyen parmi d'autres de prolonger le voyage, et surtout de lui donner du sens.

À tout bientôt j'espère, que l'on refasse cette année de visu autour
d'un bon verre,

Bien à vous,
de tout coeur

Gaël

Gaël Métroz
Journaliste Rp, Réalisateur
CH - 1945 Liddes
079 373 18 82
gaelmétroz@gmail.com

15 octobre 2006

Route de la Soie 5


Les convoyeurs du ciel
Dans ces imposantes caravanes, plus achalandées que n’importe quelle demeure pakistanaise, vivent des familles de routards gaillards en diable, à l’affection souvent aussi douteuse que les clopes qu’ils se roulent, mais qui ont entre eux cette tendre attention qui relève à la fois du grand-père à histoires et du frère au coup de main preste.

L’équipage est immuable : un chauffeur qui fume à plein temps, l’aide chauffeur aux gros bras sales qui « fait » la route autant dans les passages difficiles qu’en retapant les tronçons effondrés, et le petit « kleaner » - généralement un mignon d’une douzaine d’années qui mourra avant d’en avoir vingt - dont les tâches subalternes vont du service du thé jusqu’à la lessive. Une petite famille donc, qui s’agrandit chaque nuit et à chaque repas par celle d’autres routards qui ont franchi les mêmes cols enneigés, comblé des heures le même glissement de terrain, contemplé le même crépuscule, ou qui attendent qu’on leur en fasse le récit.

Une vie de nouveaux nomades pour laquelle je ne me sentais pas prêt jusqu’à aujourd’hui. Aujourd’hui, borne 215 de la Karakorum Highway, quatrième jour de route dans la petite cabine d’un camion chargé par dix tonnes d’abricots et de noix.

Route de la Soie 4


Les nouvelles Caravanes





Il reste peu de chameaux sur la Route de la Soie. Pourtant les nostalgiques feraient mieux de reprendre un peu la route plutôt que de s’enfermer tristement dans le passé mythique des livres, car, traversant les cols et monts himalayens comme des sapins de Noël ambulants, mugissant comme les monstres chamarrés qu’ils sont, les nouvelles caravanes avancent encore à la vitesse du pas, mais avec dix tonnes de marchandises et tout l’art du Pakistan en guise de vêtements.









Il faut plusieurs mois aux forgerons, peintres, sculpteurs et menuisiers pour donner au pare-chocs une forme de grosse mâchoire, lui créer une dentition de grelots qui résonneront au rythme lent des cahots, refaire la cabine de bois finement sculpté, l’enjoliver comme un gigantesque masque de carnaval à coups de cœurs, miroirs, catadioptres, pendentifs et guirlandes lumineuses brillant dans la nuit comme une étoile filante à embonpoint, puis surélever le toit en une énorme couronne, avant de peindre finalement chaque centimètre pour combler ce vide que ces artistes locaux semblent avoir en horreur.



12 octobre 2006

Route de la Soie 3




























L’oasis de Turfan



Terre la plus éloignée de toute mer – autant dire que l’on hésite deux fois avant de choisir le poulpe sur les mille et une brochettes des éventaires - Turfan prospère bien au-dessous du niveau de la mer, ce qui en fait la région la plus chaude de toute la Chine.
Ville bien chinoise d’ailleurs, aux affiches plus lumineuses qu’à Las Vegas, puis modestes maisons uigurs en pisé, cimetière musulmans, des gosses qui courent derrière mon vélo pour m’offrir des raisins avant de fuir en riant, et plus rien que le désert.















Désert de dune qui annonce celui de Gobi, désert parcourut dès lors par le rêve seul des caravanes.
Encore un désert, toujours aussi pur,
la plus belle image de la mort
- rien n’en revient –
et qui attire comme un vertige.
Reste un bout de vie
plus dense que jamais
tapie sous le crissement du sable,
cette vie
à qui l’on donne des sens inconnus
mais qui en prend encore d’autres.
On se défait des bagages inutiles,
parfois se déchausse,
on en oublie même son corps
tant il nous crie
qu’il a mal et soif,
que tout ce qui vit doit mourir

mais douce mort,
dans ce drap de satin.






Route de la Soie 2

Kashgar,

Chine du Xinjiang, ancien Turkestan oriental




Un an déjà que je suis sur cette Route de la Soie sans l’avoir jamais ressentie aussi fortement qu’ici. Dans ce centre de l’Eurasie, on parle Uigur, Tadjik, Kirghize - tout sauf Chinois, paradoxalement - et s'empiffre de kebabs pour étirer encore le Moyen-Orient.

Un coin de lune où tous tes peuples alentour se sont tant battus, mêlés et envahis, où l’on est tant venu pour y vendre rubis du Pakistan, lapis lazuli afghan, jade de Chine, où l’on a tant versé et mêlé les sangs du continent que tout semble encore possible. Que tout ce que j’ai pu aimer sur cette année de route se trouve soudain réuni.


Ces femmes uigurs en sont le meilleur exemple : petites sauvageonnes grillées à la peau ronde et tirée comme celle des servantes de Gengis Khan, un anneau d’or à l’oreille, elles ont tout le reste des gitans d’Europe de l’est. Un foulard de gaze vif avant tout, avec des franges dorées et le cliquetis de petites pièces de monnaie frappées, puis ces jupons à volants égarés en arcs-en-ciel sombres, sanguins, dansants sur des jambes de bronze. Puis cette voix surtout ! Une langue turco-mongole qu’elles modulent en cris vifs, chants riches et rauques, grands rires de gorge. Et ce ton lent et gai qui se hausse en fin de chaque phrase comme si la vie n’était qu’interrogations. Quiconque y laisse traîner son âme perdra à jamais toute certitude.


Kashgar. Les Chinois Hans, qui sont heureusement pour eux trop sourds à ces accents, tentent bien de mettre un peu de rigueur dans ce plus vieux bazar du monde, mais les ânes uigurs se plaisent encore à crotter sur bitume frais au rythme des intestins.









07 octobre 2006

Route de la Soie 1













Les nomades Kirghizes de Karakul



Une fois atteint la frontière pakistano-chionis du Kunjerhab Pass (ainsi nommée Vallée du Sang en raison des commerçants caravaniers égorgés sans cesse par des bandits sur cette Route de la Soie), on arrive à 4800m sur une vaste plaine d’alluvions grise cernée par les montagnes du Pamir.

Ciel bleu saturé, presque noir, irréel, percé aux quatre coins de l’horizon par une couronne de monts enneigés. Au-dessous, des contreforts de sable au beige soyeux, un paysage gris, infini, désert minéral, lunaire. Les nomades tadjiks et kirghizes y ramènent leurs yaks pansus perchés sur des chameaux laineux.

Dans la yourte, on a percé le toit circulaire pour la cheminée du samovar et pour nous laisser voir toute la nuit des étoiles qui gèlent. C’est là que je vis, entre le hamac du nouveau-né, l’autre gamin tout rond avec son pantalon fendu aux fesses et le métier à tisser.
Vers le lac, un kirghize au chapeau de feutre blanc urine à grands flots de miel dans les derniers rayons, les fesses cambrées comme un mauvais skieur, puis se roule un clope dans un bout de journal. Sa femme, sortie un instant pour ramener des excréments séchés afin d’alimenter le feu, rit de voir partir notre petit chameau blanc – trois mois demain - avec le pain qu’elle venait de cuire. J’avais bien vu passer sa petite tête blanche et laineuse par la porte de la yourte, mais je n’ai rien dit car, ce soir, il nous restera du thé au lait salé, un plat de légumes suspects et cette nouvelle turpitude pour briser la glace.