07 octobre 2006

Route de la Soie 1













Les nomades Kirghizes de Karakul



Une fois atteint la frontière pakistano-chionis du Kunjerhab Pass (ainsi nommée Vallée du Sang en raison des commerçants caravaniers égorgés sans cesse par des bandits sur cette Route de la Soie), on arrive à 4800m sur une vaste plaine d’alluvions grise cernée par les montagnes du Pamir.

Ciel bleu saturé, presque noir, irréel, percé aux quatre coins de l’horizon par une couronne de monts enneigés. Au-dessous, des contreforts de sable au beige soyeux, un paysage gris, infini, désert minéral, lunaire. Les nomades tadjiks et kirghizes y ramènent leurs yaks pansus perchés sur des chameaux laineux.

Dans la yourte, on a percé le toit circulaire pour la cheminée du samovar et pour nous laisser voir toute la nuit des étoiles qui gèlent. C’est là que je vis, entre le hamac du nouveau-né, l’autre gamin tout rond avec son pantalon fendu aux fesses et le métier à tisser.
Vers le lac, un kirghize au chapeau de feutre blanc urine à grands flots de miel dans les derniers rayons, les fesses cambrées comme un mauvais skieur, puis se roule un clope dans un bout de journal. Sa femme, sortie un instant pour ramener des excréments séchés afin d’alimenter le feu, rit de voir partir notre petit chameau blanc – trois mois demain - avec le pain qu’elle venait de cuire. J’avais bien vu passer sa petite tête blanche et laineuse par la porte de la yourte, mais je n’ai rien dit car, ce soir, il nous restera du thé au lait salé, un plat de légumes suspects et cette nouvelle turpitude pour briser la glace.