Les enfants du Kangchenjunga
Des jeeps bondées sur des routes qui sillonnent des forêts de bambous, des sentiers de pèlerins qui gazouillent et cigalent, des chemins de guingois où l’Inde a le temps de se métamorphoser lentement. Les vaches sacrées se changent en yaks, les plaines désertiques ou fertiles deviennent plantations de thé, collines, monts, Kangchenjunga… Les visages s’arrondissent et la peau se tire tant que tous les Sikkimais ne peuvent s’empêcher de rire naturellement, les yeux bridés de bonheur.
Bouthias, Népalis ou Tibétains : les peuples les plus doux de tout le périple – pas d’indiscrétion, pas de fausse pudeur non plus, mais juste des sentiments tout naturels qui vous font plaisir d’être un homme comme un autre, simplement.
Sur la colline de Kacheoparli, le lama Pala, ancien cuisinier du Dalaï Lama, équeute les pois avec sa dernière fille de dix ans – celle qui, selon ses prophéties, sera la mère de sa prochaine réincarnation. Parmi les hauts drapeaux et les prières tibétaines, de petits bonzes chantent, prient, ramassent les feuilles ou arrangent les plis de leur robe lie-de-vin.
Une Inde tranquille, bouddhiste, pas trop peuplée et même extrêmement propre… et pourtant, c’est encore l’Inde.
Un subcontinent, plus d’un milliard d’Indiens c’est bien suffisant pour ne plus oser de trop sottes généralités, non ?